Si une image vaut mille mots, ce livre est une exposition de tableaux à saveur érotique

le Regroupement vous présente
une nouveauté franco-canadienne
Ainsi soit-iel, de José Claer,
publié chez les Éditions L’Interligne
Se réveiller d’un coma à la suite d’une phalloplastie. Co-chambrer à l’hôpital avec une voyante qui vient d’accoucher. À son réveil, le protagoniste n’a que peu de temps pour se remettre les idées en place. Déjà, il se voit donner une quarantaine de jours pour résoudre les meurtres de sept enfants de sept ans. Y parviendra-t-il ? Il tentera pour ce faire de trouver des réponses dans les sept péchés capitaux et les sept couleurs de l’arc-en-ciel… et devra relever le défi en 777 heures. En ces pages déboulent les cadavres exquis et les cadavres en bonshommes de neige, dans une narration aux références culturelles déroutantes, pleine de jeux de mots, de poésie et de phallus. Ainsi soit-iel, publié chez L’Interligne, est le dixième ouvrage de José Claer.
Fureur poétique
« Ainsi soit-il » : une formule qui sert à exprimer le souhait que s’accomplisse ce que l’on vient de dire. « Ainsi soit-iel » : pareil, avec un doigt d’honneur en plus.
On pourrait situer l’ouvrage peu normatif Ainsi soit-iel au chevauchement du recueil de poésie et du roman policier, dans un espace liminaire adéquat pour la non-binarité de son titre et de son style. Cette alliance ajoute à l’intrigue puisqu’elle désoriente le lecteur tout comme le personnage principal. Les émotions au fil de la lecture deviennent de plus en plus crues et le héros, de plus en plus impitoyablement ébranlé. Le lecteur vit à mesure ce que vivent Claudelle, Paul-Camille ou René-Pascal : un parcours brutal qui les tient en alerte. Tout aussi choquante, la fureur qui vibre au cœur de l’histoire est à couper le souffle. Et pourtant, les lecteurs en redemanderont, quitte à se faire masochistes.
En veux-tu, en voilà
Dans ce roman, les référents culturels, les images fortes, les virelangues et les figures de style s’entremêlent sans discontinuer. L’auteur invite de ce fait le lecteur à développer ses connaissances à tout moment, que ce soit en littérature (1984 d’Orwell, Fahrenheit 451 de Bradbury, Les nuits fauves de Collard, Silens Moon de Cendors, Paradise Lost de Milton, etc.), en arts visuels (L’Origine du monde de Courbet, Le comte de Monte Cristo version Reynolds, Jurassic Park de Spielberg, Pulp Fiction de Tarantino, etc.) ou en culture générale (Alan Turing, Max Von Sydow, Bruce McArthur, Farinelli, etc.). Pour aborder cet ouvrage où pleuvent les noms parfois obscurs et les termes parfois pointus, le lecteur clairvoyant se donnera le temps de se renseigner afin de débroussailler la lecture.
Ne se laissant toutefois pas seulement porter par son bagage intellectuel, Claer tisse habilement ses fresques à coups de poésie percutante. Si une image vaut mille mots, Ainsi soit-iel est une exposition de tableaux à saveur érotique. Sans pour autant parler ni de désir amoureux ni de sexe, on y enchaîne sans cabotinage les mentions de pénis, clitoris, cyprine, BDSM et on en passe.
Pour les fans de la poésie de Claer, le roman est aussi accompagné d’une suite poétique qui complimente et complémente l’histoire qui la précède. Beaucoup de tout pour (presque) tous les goûts.
Maël Bisson
novembre 2023