«Vignettes africaines» de Marie-Claude Hansenne :

Une enfance dans la brousse

23 juin 2021
Actualité
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Vignettes africaines
de Marie-Claude Hansenne :
Une enfance dans la brousse

 

Mathilde, l’alter ego de l’écrivaine Marie-Claude Hansenne, quitte la Belgique pour le Congo belge avec sa famille. La fillette est dès lors projetée au milieu de la jungle et des animaux qui l’habitent. Dans les mots de l’autrice : C’est l’histoire revisitée et rêvée d’une enfance hors norme vécue par une petite fille qui est moi, mais qui ne l’est pas réellement… Vignettes africaines, roman publié aux Éditions L’interligne, suit les aventures de cette enfant dans un monde où la nature et les sorciers font la pluie et le beau temps.

Ce roman est une autofiction où se mélangent les souvenirs et l’imagination de Marie-Claude Hansenne. Elle y emprunte les traits de Mathilde pour raconter les premières années de sa vie passées sur le continent africain. Ce sont des souvenirs d’enfance, sur lesquels j’ai brodé de la fiction. Je suis arrivée au Congo lorsque j’avais six mois et je l’ai quitté pour la première fois à l’âge de six ans. Certains personnages ont donc été quelque peu modifiés puisque les souvenirs de cette époque ne sont plus aussi nets dans la mémoire de l’autrice.

Regard d’enfant

Le roman est construit à la manière d’un journal intime, où la protagoniste parle de sa famille, des gens qui l’entourent, de son environnement et des choses qui l’émerveillent. Ce sont des petites histoires d’une fillette au Congo, un endroit magnifique pour une enfant. J’avais une liberté presque totale et des animaux, puisque ma mère les aimait bien. Donc, je raconte l’histoire du perroquet, de la genette, les virées au parc Albert pour y voir les hippopotames, les éléphants, les lions, etc. Ce sont des flashs plus ou moins longs qui forment un tout et qui dépeignent les aventures d’une enfant dans une grande maison où il y a un va-et-vient constant.

On y voit l’émerveillement d’une enfant face au monde qui l’entoure, mais aussi le choc qu’elle subira lorsqu’elle sera renvoyée en Belgique chez sa grand-mère. Le jour où Mathilde quitte le Congo, qu’elle croyait être son vrai pays, elle se rend compte que cette période a été pour elle le paradis perdu. C’est à ce moment-là qu’est exposé, dans le roman, le contraste entre la vie africaine et la vie européenne. Quand je suis arrivée en Belgique, j’ai été formatée comme une Européenne. Mathilde doit réapprendre tout ce qu’elle sait déjà, pour se conformer aux normes européennes de l’époque. Tout ça, dans le but de devenir « une parfaite petite Belge ». Pour ma famille, j’étais une enfant sauvage qu’il fallait recadrer. Cela a été très dur, puisqu’on a voulu éradiquer en moi tout ce qu’on ne comprenait pas. Ce passage montre la piètre estime qu’avaient les Belges pour les valeurs congolaises. Des valeurs certes différentes, mais pour autant ni meilleures ni pires.

Redonner aux Africains ce qui leur revient

L’enfant de ce récit évolue auprès d’un couple dysfonctionnel, qui y occupe une place centrale. C’est pourquoi elle se tournera vers les employés congolais de la maison pour trouver l’amour paternel et maternel que ses parents ne savent pas lui offrir. Elle va vivre au sein d’un couple qui ne s’entend pas toujours très bien, ce qui va faire en sorte qu’elle va se tourner vers les animaux et les autres occupants de la maison. Elle va avoir un amour particulier pour sa nounou et pour le cuisinier, qui sera un substitut de père. À un point tel qu’elle parlera mieux le kiswahili et le lingala que le français. En écrivant des passages dans ces deux langues, l’autrice a voulu démontrer son amour profond pour les Congolais.

C’est un hommage aux Congolais, que j’ai beaucoup aimés. Ils ont été très accueillants et gentils avec l’enfant que j’étais. Vu que mes parents s’étaient établis en pleine brousse et loin des villes, pour certains j’étais le premier enfant blanc qu’ils voyaient. J’étais considérée comme la petite princesse du coin et j’étais protégée par tout le monde. On découvre ainsi le Congo à travers les yeux d’une enfant, un Congo bucolique rempli de merveilles, derrière lesquelles se cache un Congo plus sombre où le colonialisme est roi.

Le roman Vignettes africaines de Marie-Claude Hansenne est paru aux Éditions L’Interligne aux formats papier et numérique.

Julien Charette
30 juin 2021