Questions et réponses avec Alex Tétreault, auteur de Nickel City Fifs

11 octobre 2024
Actualité
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Le thème de l’absence de communauté est récurrent chez de nombreuses personnes queers. Comment penses-tu que les lecteurs et lectrices queer pourraient s’identifier à cette pièce ?

 

Je pense que les personnes queers, spécifiquement celles qui ont grandi ou qui vivent en région, pourront s’y retrouver. Les populations queers de ces communautés-là, plus petites que celles dans les grandes villes autant en termes de nombres absolus qu’en pourcentage, n’ont pas le choix que d’être tissés-serrés afin de s’appuyer, surtout dans le climat politique actuel et avec l’exode des jeunes vers les grands centres. Ce texte se veut aussi un espèce de pont entre le queer et le franco-ontarien, deux identités qui se rencontrent rarement chez nous, là où plusieurs — comme moi — peuvent avoir de la difficulté à se retrouver pleinement au sein d’une ou l’autre de ces communautés. Je tenais à démontrer que non seulement elles sont compatibles, mais ont beaucoup plus d’affinités et de ressemblances qu’on pourrait le croire.

Peux-tu décrire ton processus d’écriture pour cette pièce ? Quels ont été les principaux défis ou moments de découverte ?

 

J’avais l’idée pour ce projet depuis des années et, bien que je savais ce que je voulais dire, je ne savais pas comment m’y rendre. Recevoir la Bourse Geneviève Pineault du TNO en 2019 m’a vraiment forcé à m’asseoir et à écrire. C’est dans une chambre d’hôtel à Montréal à la veille de la pandémie que les premières scènes prennent vraiment forme; au départ, je me suis concentré sur les histoires qu’allaient raconter les personnages et la trame narrative principale est venue pas mal plus tard pour ficeler le tout en quelque chose de cohérent. Grâce à de précieux conseils dramaturgiques, des épiphanies dans la douche et deux mises en lecture devant public — qui m’ont aidé à entendre ce qui marchait ou non —, le texte a continué à évoluer, et ce même en salle de répétition pour la production.

La pièce a-t-elle évolué depuis sa première création ? Si oui, comment et pourquoi ?

 

Comme j’ai attendu la fin des représentations initiales pour soumettre le texte, la version publiée ressemble plus ou moins à ce qui avait été présenté devant public. Il y a quand même eu un travail d’édition pour standardiser certains choix et ajouter des précisions grammaticales qui ne s’entendent largement pas à l’oral, comme l’utilisation occasionnelle d’un français inclusif. Il n’y a par contre rien qui empêchera le texte de continuer à évoluer lorsqu’on reprendra le spectacle.

Pouvons-nous nous attendre à des adaptations ou à des développements futurs pour Nickel City Fifs ?

 

Il n’y a rien de prévu à l’heure actuelle, mais c’est possible! Avant la production de la pièce, j’avais aussi travaillé une traduction du texte vers l’anglais dans le cadre d’une résidence au PlaySmelter Festival. C’était surtout un exercice dramaturgique pour voir comment je pourrais arriver à adapter le texte et ses maintes références culturelles franco-ontariennes pour un public anglophone. Pour l’instant, je me concentre vraiment sur la tournée qui approche rapidement. Mais, si quelqu’un avait envie d’en faire un film ou bien de le traduire en finlandais, je dirais pas non!