«L’enfant-feu» de Michèle Vinet: Avoir le feu sacré des mots

2 novembre 2016
Nouveauté de la semaine
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Chaque semaine, le RECF présente

une nouveauté franco-canadienne

 

L’enfant-feu de Michèle Vinet

 

L'enfant-feu

Avoir le feu sacré des mots

 

C’est à un tout jeune âge que l’auteure Michèle Vinet découvre la beauté des mots et de la langue française, mais elle mettra plusieurs années avant de canaliser cet amour dans la rédaction d’un roman. Enseignante, elle voyagera entre son Ontario natale, la Caroline du Sud et Londres en traînant avec elle ce feu sacré qui la dévore et en le communiquant à qui veut bien écouter son plaidoyer en faveur du français. C’est ce parcours et cet attachement pour les mots qu’elle raconte dans L’enfant-feu, un troisième livre publié le 18 octobre aux Éditions Prise de Parole.

Tout le monde a son histoire personnelle et ce n’est pas toujours ce qui fait les meilleurs romans. Ce n’était pas important pour moi de raconter ma vie; c’était important de raconter le cheminement qui mène à l’écriture, avoue d’emblée Michèle Vinet au sujet de son troisième livre, qualifié de récit romanesque, c’est-à-dire que l’histoire qui y est racontée est basée sur des éléments véridiques, sans toutefois tomber dans l’autobiographie pure et simple.

Des fois, raconter une histoire, ça prend un petit peu plus qu’un vocabulaire ordinaire, ça prend un peu plus de dynamisme, ajoute l’auteure, qui va même jusqu’à parler de son personnage à la troisième personne, comme pour s’en distancer : c’est l’histoire d’une enfant qui, amoureuse de la langue, cherche à composer avec elle, sans savoir en quoi consiste cette composition, et elle va finir par le découvrir assez tard! Quelque part, c’est l’histoire de mon enfance, de mon adolescence, de mon arrivée à l’écriture.

C’est vraiment le récit de quelqu’un qui est engagé totalement dans ce qu’elle fait, et il y a un petit côté missionnaire, aussi, lié à sa vocation. Comme quand elle va en Caroline du Sud, un endroit où c’est extrêmement difficile d’enseigner, de vivre, mais elle, elle y va par conviction. Et L’enfant-feu, c’est un peu ça: le feu qui l’habite, c’est toujours le feu d’aller à la rencontre des autres. Elle a énormément de choses à partager, décrit pour sa part Stéphane Cormier, le codirecteur général et directeur de la commercialisation aux Éditions Prise de Parole.

Engagée, Michèle Vinet? D’une certaine façon, oui, car la langue française, pour moi, c’est une histoire d’amour. Je ne suis pas une auteure engagée; je suis engagée à faire resplendir et à partager la beauté! Mais L’enfant-feu, c’est peut-être tout de même un plaidoyer pour la francité en milieu minoritaire.

Quoiqu’il en soit, Stéphane Cormier a tout de suite capté qu’il s’agissait pour l’auteure d’une histoire qu’elle voulait écrire depuis toujours. À un moment donné dans le bouquin, c’est l’écrivaine qui va se révéler. Elle va parler de la genèse de son premier livre, et c’est comme l’aboutissement de sa passion. Tout ça, donc, Michèle Vinet le portait depuis toute petite, quand elle se faisait des cahiers pleins de mots qu’elle trouvait beaux.

L’enfant-feu, c’est un dialogue, une brûlure entre le rêve et le temps. La petite fille a des rêves, mais ça va prendre toute une vie à les réaliser, philosophe celle qui a remporté le Prix Trillium et le Prix Émile-Ollivier pour son précédent roman, Jeudi novembre. Il n’est pas ardu de prédire à L’enfant-feu un sort aussi heureux, surtout en écoutant Stéphane Cormier décrire l’authenticité et l’intégrité du récit de son auteure : Quand elle revient de Caroline du Sud, elle retombe dans une vie d’enseignante un peu routinière, et elle trouve que les enjeux ne sont plus aussi prenants. Elle a besoin de se retrouver dans le feu de l’action, c’est quelque chose de viscéral. Ce n’est pas une démarche intellectuelle, c’est une caractéristique de son être!

Le récit romanesque L’enfant-feu de Michèle Vinet est paru aux Éditions Prise de Parole le 18 octobre 2016.

Alice Côté Dupuis

2 novembre 2016

La prochaine nouveauté de la semaine : Le deuil tardif des camélias de Daniel Leblanc-Poirier publié aux Éditions L’Interligne