«Là où les chemins de terre finissent» de Sébastien Bérubé: Secouer la cage pour ouvrir ses portes

22 mars 2017
Nouveauté de la semaine
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Chaque semaine, le RECF présente
une nouveauté franco-canadienne

 

Là où les chemins de terre finissent de Sébastien Bérubé

 

Secouer la cage pour ouvrir ses portes

 

Serge Patrice Thibodeau, directeur des Éditions Perce-Neige, ne s’en cache pas : on reçoit beaucoup de poésie, et parfois, tout finit par se ressembler; il y a des conventions, un nouveau type de conformisme où il faut que rien ne dépasse. Alors quand un jeune auteur arrive comme un chien dans un jeu de quilles pour tout faire éclater; un jeune qui détonne comme Sébastien Bérubé, c’est très rafraîchissant. Quand en plus il réussit à aller encore plus loin avec son second recueil de poésie qu’avec son premier, on le suit avec enthousiasme jusque Là où les chemins de terre finissent, publié aux Éditions Perce-Neige.

Je le dis à tout le monde : c’est un petit baveux, lance Serge Patrice Thibodeau à propos de son auteur, qui n’a pas la langue dans sa poche pour traiter de l’Acadie en particulier, mais aussi du Canada, de façon plus générale. Ce sont des textes qui sont vraiment dans un registre politique et social, qui se veulent une critique de la société actuelle, explique-t-il, alors que le principal intéressé, Sébastien Bérubé, décrit son recueil plutôt comme l’idée du citoyen qui se lève. On est toujours avec l’importance sociale du territoire madawaskaïen, néo-brunswickois, acadien.

L’idée que j’avais, c’était de partir un peu du fédéral et de se tourner vers le provincial, explique celui qui a bâti son recueil autour d’un long texte intitulé « Hymne » qu’il a écrit pratiquement en une nuit, au Festival de la poésie acadienne à Caraquet, et qui se retrouve dans le livre. Pour ce texte-là, il est venu avec l’idée de la vision que les gens ont sur la province du Nouveau-Brunswick, autant en tant que personne qui reste sur le territoire que quelqu’un de l’extérieur qui voit la province comme un touriste. C’est vraiment, on pourrait dire, une sorte de grand inventaire autant positif que négatif sur la province du Nouveau-Brunswick, affirme-t-il, jugeant que ce poème précis a dessiné le reste du recueil et lui a donné ses bases pour les sept autres textes du livre.

Publié dans la collection « Poésie  / Rafale », qui comprend des textes destinés à être lus sur scène, qui sont souvent punchés, qui peuvent scandaliser ou, du moins, qui dérangent, Là où les chemins de terre finissent est plein d’audace, comme son jeune auteur. Il a des choses à dire, et il a une très belle façon de les dire. C’est vrai que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu un jeune poète pour brasser la cage. Sébastien Bérubé a sa propre voix, il a sa propre façon de dire les choses, et de les amener sur scène, selon son éditeur, qui avoue qu’il y a de très belles trouvailles et de très bonnes idées dans ce nouveau recueil, aussi empreint de sarcasme, par moments.

Je ne crois pas dans le parler pour parler, je pense qu’à un moment donné, tu n’as pas le choix de vouloir faire bouger les choses, si tu veux que ça avance pour vrai, renchérit le jeune auteur, qui est aussi auteur-compositeur-interprète et artiste en arts visuels. Souvent, on va dire que les mentalités changent en même temps que l’asphalte, que les discours ou les façons de penser ne sont pas pareils où il y a de l’asphalte et où ce sont des chemins de terre. Mais ce n’est pas vrai qu’une façon de penser va avec un territoire, on est capable d’en avoir plein son casque partout, affirme Sébastien Bérubé à propos tant de ses textes qui jouent un peu avec l’aspect rural du Nouveau-Brunswick, que pour expliquer le titre de son nouveau recueil.

Très près de l’oralité et s’efforçant toujours de garder son discours compréhensible pour tout le monde, Sébastien Bérubé avoue jouer beaucoup avec la langue, en inventant des mots ou des expressions mais en les mettant en contexte et en utilisant toujours une langue qui est quand même très accessible et très populaire. La façon que j’ai d’écrire, c’est une façon qui ne se censure pas, qui dit les choses comme elles doivent être dites. J’aime provoquer, aussi. Je pense que chaque personne va réussir à trouver quelque chose qui va lui plaire là-dedans…ou lui déplaire.

Le recueil de poésie Là où les chemins de terre finissent est publié aux Éditions Perce-Neige.

 

Alice Côté Dupuis
22 mars 2017