«Histoire de galet» de Marie Cadieux: Raconter pour ne pas oublier
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Histoire de galet de Marie Cadieux
Raconter pour ne pas oublier
La Seconde Guerre mondiale et le Débarquement de Normandie figurent certainement parmi les événements historiques les plus connus. Mais saviez-vous que bien avant le Jour J du 6 juin 1944, il y avait eu un premier débarquement dans la même région, nommé Opération Jubilee? Et que la ville de Dieppe au Nouveau-Brunswick doit son nom à la ville de France où ont eu lieu ces deux événements historiques? C’est ce genre de révélations qui nous sont faites dans Histoire de galet, le tout nouveau roman jeunesse de Marie Cadieux, illustré par François Dimberton et paru aux Éditions Bouton d’or Acadie.
C’est un récit inspiré par l’histoire du premier débarquement. Les gens ignorent souvent qu’il y a eu un premier débarquement en Normandie, le 19 août 1942, sur la côte de Dieppe, mais que ce fût une opération militaire désastreuse, explique d’entrée de jeu Marie Cadieux, la directrice générale et littéraire des Éditions Bouton d’or Acadie, mais aussi auteure de Histoire de galet, ce court roman illustré destiné aux jeunes. Celle qui est aussi réalisatrice a découvert l’existence de ce pan d’histoire méconnu en 2012, en travaillant à la réalisation du documentaire Les ailes du monde, destiné à établir les parallèles entre les villes de Dieppe en Acadie et en France.
Tout ce débarquement est vu à travers les yeux d’un jeune garçon de 15 ans qui s’appelle Martin, alors qu’il vit dans la France occupée et que toute sa famille a été repoussée dans la campagne française. Lui a été gardé dans Dieppe pour prêter main forte aux occupants, parce qu’il a des habiletés mécaniques, révèle l’auteure au sujet de la trame narrative de son récit, qui accorde aussi de l’importance à une vieille dame, Agnès, qui est la logeuse de Martin et qui travaille peut-être dans la résistance. Chose certaine, cette relation intergénérationnelle teintera également le roman, qui mène aussi à réfléchir sur les horreurs de la guerre, sur l’engagement militaire et sur l’amitié.
Selon Marie Cadieux, il faut surpasser tout jugement moral qu’on peut poser sur la guerre, et il s’agit de drames qu’il faut raconter. Moi, quand j’avais 14-15 ans, je me souviens que je regardais presque avec dédain les vétérans quand je les voyais avec leurs médailles, et je me demandais pourquoi il fallait se souvenir de la guerre, mais j’ai drôlement changé d’idée depuis, en écrivant ça, avoue celle qui se qualifie de pacifiste. S’il s’est écrit déjà plusieurs livres et ouvrages plus approfondis sur le sujet, l’auteure souhaitait trouver pour sa part une façon de rendre ce pan d’histoire et ces réflexions plus accessibles aux jeunes d’aujourd’hui.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le récit a été illustré par François Dimberton, un dessinateur habitué des Éditions Bouton d’or Acadie, qui a par ailleurs un grand souci historique dans son travail, tout en étant Français; une combinaison parfaite pour partager ce projet particulier avec Marie Cadieux. Les jeunes d’aujourd’hui sont intéressés, mais ils ont besoin de stimulation visuelle énormément, et je crois que surtout pour un sujet comme celui-là, l’illustration va capter davantage l’attention du lecteur et l’entraîner réellement dans le récit.
Puisque Histoire de galet se déroule presque entièrement lors de la soirée du 19 août 1942 et de son lendemain, et que le court récit est assez intensément chargé, il serait néanmoins étonnant que le lecteur, jeune ou adulte, ne soit pas captivé, d’autant plus que le livre se termine sur une promesse avec Martin, qui a un galet à la main, et qui se jure de ne pas oublier. Ne pas oublier quoi? La fin ouverte du roman a certainement de quoi susciter la discussion, et c’est précisément ce que souhaite l’auteure : que la lecture de sa plus récente œuvre engage un dialogue plus approfondi sur la guerre.
Alice Côté Dupuis
30 novembre 2016