«Rideau rouge et pignons verts» de Michel Bourque: Rêver à deux, c’est mieux
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Rideau rouge et pignons verts de Michel Bourque
Rêver à deux, c’est mieux
Alors qu’une récente nouvelle production télévisuelle de Anne…la maison aux pignons verts faisait parler un peu partout, c’est plutôt une autre forme adaptée de l’œuvre de Lucy Maud Montgomery qui a intéressé les Éditions Bouton d’or Acadie. Sous la plume de l’auteur Michel Bourque et grâce aux illustrations de Jean-Luc Trudel, on nous invite dans l’album jeunesse Rideau rouge et pignons verts à découvrir une comédie musicale qui figure dans le livre des Records Guinness, une production scénique qui en est à sa 53e saison à Charlottetown, mais aussi, et surtout, une grande histoire d’amitié qui fait rêver.
Énormément de jeunes Canadiens ont grandi avec le roman Anne…la maison aux pignons verts et se sont imaginés les personnages d’Anne et de son amie Diana. C’est peut-être un des éléments les plus touchants de cette histoire-là, le rapport d’Anne avec cette amie qu’elle appelle son âme sœur. Mais là, bien que ce soit nourri de ça, Rideau rouge et pignons verts raconte plutôt l’histoire vraie de deux jeunes filles qui grandissent à l’Île-du-Prince-Édouard, qui ne se connaissent pas mais qui toutes les deux rêvent de spectacles, de danse, de chanter, de s’accomplir comme artistes, résume la directrice générale et littéraire des Éditions Bouton d’or Acadie, Marie Cadieux.
Les deux jeunes filles dont il est question sont Gracie Finley et Glenda Landry, qui ont joué respectivement les rôles d’Anne et de Diana dans la comédie musicale dans les années 1970 et 1980. En devenant les deux amies fictives du roman de Lucy Maud Montgomery et en jouant cette amitié sur scène pendant des années, elles sont devenues, elles aussi, de vraies amies dans la vie. Je trouvais que c’était spécial que deux jeunes filles aient la chance de jouer de si beaux et grands rôles, et qu’elles finissent par devenir amies, et que même des décennies plus tard, elles soient encore de bonnes amies, révèle Michel Bourque pour justifier son choix d’écrire un album jeunesse à leur sujet.
C’est en 2013 que l’auteur a pris connaissance de l’amitié réelle des interprètes d’Anne et de Diana, lors d’un événement anniversaire au Centre des arts de la Confédération, là où tout a commencé, où toutes les deux parlaient de leurs souvenirs d’enfance reliés à la salle de théâtre. Il y a un parallèle vraiment intéressant entre l’imaginaire et le réel; l’imaginaire qu’a créé Lucy Maud Montgomery où Anne et Diana sont des amies iconiques, des âmes sœurs, et c’est un peu comme si cette relation-là existe dans la vraie vie, observe l’auteur, qui a toutefois travaillé longtemps pour essayer de cerner le réel cœur de l’histoire qu’il souhaitait raconter, qui était réelle, bien sûr, mais qui ne serait pas une vraie biographie de 300 pages.
Ce qui était vraiment important pour moi, c’est lorsqu’elles sont sur la scène pour la première fois comme Anne et Diana, tandis que leur histoire se continue jusqu’à aujourd’hui, donc c’est sûr qu’il fallait trouver le moment qui capte un peu l’essence de l’histoire. Et c’est vraiment au Centre des arts de la Confédération que leur rencontre a été marquante, qu’elles ont développé des atomes crochus et beaucoup de choses en commun, explique Michel Bourque, pour qui la première rencontre entre Gracie Finley et Glenda Landry est le réel moment fort du récit, bien que son livre commence alors que les deux ne se sont jamais rencontrées encore. Le moment déclencheur sera en 1964, lorsque Gracie apprend qu’on va construire un nouveau théâtre en ville, et qu’elle se met à y rêver.
Cet album jeunesse a d’ailleurs effectivement de quoi inspirer les jeunes à rêver, et ce n’est pas obligé d’être relié au théâtre. De son côté, Michel Bourque retient de cette histoire que ça montre que bien sûr on peut rêver individuellement, mais aussi qu’on peut travailler ensemble, avec quelqu’un, et que quand on persévère, qu’on travaille fort, qu’on obtient l’appui d’un proche, on peut réussir de belles choses. Ce n’est pas obligé d’être de grandes choses, mais ça peut être de belles choses. C’est la raison pour laquelle selon lui, c’est une histoire qui devait être racontée.
Au début, Gracie et Glenda savent que le théâtre s’en vient et elles se mettent déjà à rêver. C’est important de pouvoir rêver, de pouvoir se projeter dans l’avenir, d’essayer de se voir dans le rôle désiré. Je pense qu’il faut pouvoir rêver pour pouvoir accomplir de belles choses, conclue l’auteur, qui offre un livre qui, au-delà de la magnifique histoire d’amitié et de complicité, met en valeur le théâtre, la danse et la musique; bref, le monde des arts et de la scène, tout autant qu’il valorise l’accomplissement de ses rêves.
D’ailleurs, l’éditrice Marie Cadieux abonde dans le même sens, et c’est une des raisons qui fait que Rideau rouge et pignons verts sera publié simultanément en français et en anglais : afin de rejoindre le plus grand nombre d’enfants et de les inspirer. J’espère que ça va les faire rêver, leur donner confiance en eux-mêmes, en leurs capacités d’accomplir des rêves, mais aussi de découvrir le monde du théâtre et cette comédie musicale, et le monde d’Anne…la maison aux pignons verts. On veut leur donner envie de rêver!
L’album jeunesse Rideau rouge et pignons verts de Michel Bourque est illustré par Jean-Luc Trudel et publié aux Éditions Bouton d’or Acadie.
Alice Côté Dupuis
21 juin 2017