Lumière sur les lauréats des prix littéraires à la Maison de la littérature de Québec

Les œuvres de Marie Cadieux et de Michel Pleau saluées
La ville de Québec, la première municipalité francophone à avoir été déclarée « ville de littérature » par l’UNESCO, était tout indiquée pour honorer à nouveau, mardi soir, les récipiendaires de différents prix littéraires au pays au cours de la dernière année. Parmi ceux-ci, la directrice générale et littéraire des Éditions Bouton d’Or Acadie, aussi Présidente du Regroupement des éditeurs franco-canadiens Marie Cadieux, ainsi que l’auteur Michel Pleau, publié aux Éditions David, ont été salués lors de la soirée « Lumière sur les lauréats des prix littéraires » à la Maison de la littérature de Québec.
Après que différents représentants de l’Institut Canadien de Québec – qui fête cette année son 70e anniversaire – et de la Ville de Québec, qui a souligné le rôle essentiel de l’Institut ainsi que la grande passion de son équipe, tout en remerciant les auteurs de nous faire rêver, grandir et réfléchir, c’est Jean-Marc Fournier, Ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, qui a pris la parole pour ouvrir cette soirée de festivités. Rappelant les 10,5 millions de francophones et de francophiles au Canada, M. le Ministre a souligné l’importance de la langue française comme avantage culturel, social, économique et diplomatique.
Puisque M. Fournier est impliqué dans la francophonie canadienne, il a aussi pris le temps de s’attarder particulièrement au Prix Champlain, créé en 1957 afin de récompenser des auteurs francophones à l’extérieur du Québec. Indiquant fièrement que depuis 2016, le Gouvernement du Québec s’est associé au Regroupement des éditeurs franco-canadiens, au Centre de la Francophonie des Amériques et à la Maison de la littérature afin d’offrir à ce prix un nouveau souffle et plus de visibilité, il a aussi expliqué que ce prix récompensait en alternance une publication jeunesse, puis une publication adulte, et que son récipiendaire était invité en résidence d’un mois à la Maison de la littérature.
Rappelant la récipiendaire de 2017, Georgette Leblanc, qui a depuis été élevée au rang de poète officielle du Canada, le Ministre a lancé à la blague à la récipiendaire 2018, Marie Cadieux, « Je ne sais pas ce qui vous attend! », avant d’adresser quelques mots sur le livre lauréat Histoire de galet et de rappeler l’importance d’être fier de notre langue, de continuer à la transmettre et de la présence essentielle de communautés francophones à l’extérieur du Québec. À la suite de ce discours bien senti et généreux, Jean-Marc Fournier a laissé sa place à Tanya Beaumont, animatrice de la soirée, à Frédéric Dufour, musicien, ainsi qu’aux comédiens Joanie Lehoux et Eliot Laprise, afin de débuter les présentations des œuvres lauréates.
Présentant un extrait de la suite poétique Et arrivées au bout nous prendrons racine de Kristina G.-Landry, une écrivaine partageant sa vie entre Montréal et la Côte-Nord, les deux comédiens ont révélé une écriture faisant de nombreuses références au territoire, aux lieux ainsi qu’à la nature. L’auteure a remporté le Prix Nouvelles voix 2018 pour ce texte, tandis que Laetitia Beaumel, la seconde lauréate saluée, s’est mérité le Prix Piché de poésie de l’Université du Québec à Trois-Rivières. C’est Il n’existe jamais que la moitié du ciel qui a remporté les honneurs, un texte qui a rapidement été publié aux Éditions d’art Le Sabord à la suite de sa victoire à ce prix encourageant la relève et décerné à un auteur qui n’a jamais publié de recueil de poésie auparavant.
La fille désaccordée, roman de Lyne Vanier, psychiatre de formation, est résolument ancré dans l’actualité : son personnage y raconte d’abord le souvenir de sa première lecture de La petite sirène d’Hans Christian Andersen – et non celle de Disney! – et son excitation d’un jour épouser un prince, mais il s’avère finalement s’appeler Alexandre et affirmer être une fille dans un corps de garçon. Cette touchante lecture a fait honneur à cette œuvre qui s’est méritée le Prix de création littéraire de la Bibliothèque de Québec et du Salon international du livre de Québec, dans la catégorie jeunesse, pour souligner l’excellence d’auteurs vivant dans la région de Québec.
Du côté littérature adulte du Prix de création littéraire, c’est Mathieu Villeneuve et son roman Borealium Tremens, publié à La Peuplade, qui s’est mérité les honneurs, avec son écriture très quotidienne et contemporaine, même rurale. Souhaitant « réinventer le roman du terroir », Villeneuve s’est inspiré de la langue « de ferme » de sa mère, des expressions et couleurs du langage des gens qui l’entouraient dans son enfance, pour créer cette littérature « de ferme » dans son tout premier roman.
C’est finalement en cinquième lecture de la soirée que l’Histoire de galet de Marie Cadieux, illustrée par François Dimberton, a été présentée grâce à Joanie Lehoux interprétant le personnage de Madame Agnès, et à Eliot Laprise assurant la voix narrative du personnage de Martin, livrant par le fait même la première lecture laissant véritablement place à une interprétation plus sentie. Racontant l’inspiration du personnage d’Agnès et présentant la réelle héroïne qui a existé et aidé des soldats canadiens, la lauréate du Prix Champlain, Marie Cadieux, a révélé au sujet de l’écriture de ce second livre jeunesse que « d’une certaine façon c’était facile, parce que j’étais portée par ces gens-là ».
C’est ensuite Michel Pleau, dont plusieurs recueils ont été publiés aux Éditions David, qui a été salué grâce à la lecture d’un extrait de J’aurai bientôt ton âge, sa plus récente parution. Lauréat du Prix Jean-Noël-Pontbriand pour l’ensemble de sa carrière, M. Pleau s’est montré complètement ravi de la lecture effectuée par Joanie Lehoux, la remerciant en lui confiant que « ne serait-ce que pour entendre votre voix lire le poème, je suis content de l’avoir écrit ». Se considérant comme un « souffleur de braises », le poète affirme que le « feu de la poésie » est présent depuis la naissance et qu’en tant qu’enseignant, il ne fait effectivement que souffler sur des braises afin d’attiser le feu. Faisant rire les spectateurs à plusieurs reprises, l’auteur s’est montré ravi de cette reconnaissance et de tout ce que ses années d’enseignement lui apportent.
Enfin, pour clore la soirée, le Festival Québec BD et Thomas-Louis Côté ont été salués sans lecture pour leur Prix de l’Institut Canadien de Québec. Allés à la rencontre de Marie Cadieux après la soirée afin de découvrir les projets qui l’occuperaient durant sa résidence d’un mois à la Maison de la littérature de Québec, celle-ci a révélé avoir pensé à une suite à Histoire de galet, mais ne pas souhaiter se replonger dans le sujet de la guerre. C’est plutôt sur le peintre acadien Nérée de Grace que ses recherches porteront, un artiste pour lequel elle avait eu un véritable coup de cœur lors d’une exposition vue à Fredericton, et qui a nourri son œuvre de contes et de légendes, donnant un univers coloré et éclaté.
Ne sachant pas encore très bien quelle forme prendra ce projet encore au stade embryonnaire, l’auteure et éditrice pense aux personnages récurrents dans les tableaux du peintre, mais voit aussi bien son propre côté documentariste ressortir pour s’attarder à certains éléments biographiques. « J’aime le défi de la forme. Chaque livre a droit à sa vie, à sa forme », a-t-elle révélé, indiquant du moins qu’elle s’était rendue compte que Nérée de Grace a étudié en Beaux-arts à Québec et a résidé dans cette ville une bonne partie de sa vie, rendant son projet tout indiqué pour prendre vie dans la Maison de la littérature de Québec.
La soirée « Lumière sur les lauréats des prix littéraires » a eu lieu le mardi 5 juin à la Maison de la littérature de Québec.
Alice Côté Dupuis