«Isalou» de Lyne Gareau : Un monde, deux regards

15 janvier 2020
Nouveauté de la semaine
Partagez

Chaque semaine, le Regroupement vous présente
une nouveauté franco-canadienne

Isalou de Lyne Gareau

Un monde, deux regards

IsalouC’est lors d’une conférence du scientifique Ian McAllister à propos des derniers loups sauvages de la Colombie-Britannique que l’autrice Lyne Gareau a trouvé le sujet de son prochain roman. Se remémorant alors l’un de ses propres souvenirs d’enfance lors d’une visite au zoo, l’écrivaine a vu comme une évidence de se diriger vers la littérature jeunesse pour son second roman, intitulé Isalou et publié aux Éditions des Plaines.

Isabelle vient d’emménager à Vancouver, et elle effectue une première sortie scolaire avec sa classe : une visite au zoo. C’est là que ses yeux curieux rencontrent ceux d’un loup, mais quelle n’est pas sa surprise de déceler dans ce regard ce qu’elle pense être de la haine! Celle qui venait pourtant en amie est bouleversée par cette rencontre, tout comme celle qui a créé le personnage, Lyne Gareau, qui a vécu la même chose étant jeune. J’ai choisi d’utiliser cette anecdote-là au début, parce que finalement, la petite fille finit par comprendre pourquoi le loup aurait exprimé un sentiment négatif par rapport aux humains – évidemment, il est emprisonné dans un zoo. Mais aussi, elle va découvrir qu’elle a le pouvoir de changer les choses et de faire en sorte que la planète soit un endroit meilleur pour tous, humains comme animaux, explique-t-elle.

Porter un regard différent sur son environnement

C’est en visite chez son oncle et sa tante, dans une région côtière assez reculée de Colombie-Britannique, que la jeune Isabelle réalisera qu’elle peut aider les loups. Dans cette région ressemblant à Bella Bella, mais jamais nommée, son oncle lui fait cadeau d’un tambour qui, en fait, est magique. Donc quand elle joue du tambour, elle se transforme d’Isabelle en Isalou, une petite louve, et elle apprend à voir la vie de deux points de vue : celui d’un humain, et celui d’un animal sauvage, raconte l’autrice, qui décrit son livre comme un roman à saveur écologique. En se transformant en loup, son héroïne prendra conscience de la façon dont les actions des humains affectent la nature et les animaux sauvages.

Le regard est important dans ce petit roman jeunesse, continue-t-elle, parce qu’au départ, c’est le regard d’un loup qui la bouleverse, et après ça son regard à elle sur les choses va changer, parce qu’elle va être confrontée à deux réalités complètement différentes. Mais ce qui est important dans l’histoire, c’est aussi ce mystérieux tambour magique. En effet, c’est lorsqu’elle se met à jouer du tambour qu’elle se réveille soudainement dans le terrier, dans le corps d’un petit loup. La maman loup, qui s’appelle Merlou, lui souhaite la bienvenue et lui dit « Je sais que tu n’es pas vraiment une louve, que tu es quelqu’un qui vient nous rendre visite, mais tu es la bienvenue, et je veux que tu apprennes à nous connaître ». C’est donc par l’entremise de cet objet spécial qu’Isabelle devient Isalou pendant quelques heures, voire quelques jours.

La connaissance comme moteur de changement

Dans cette histoire pleine de péripéties, les frontières entre la réalité et le rêve sont souvent troubles, et son oncle et sa tante croient en effet que la jeune Isabelle ne fait que rêver à toutes ces aventures au pays des loups. Pourtant, c’est une année complète qu’Isabelle vivra entre les deux mondes, vivant ainsi les différentes étapes de la vie d’une louve : les différentes saisons, la montaison des saumons, le déménagement pour l’hiver où ils font plus de 50 km, etc. Éventuellement, il va y avoir un développement par les humains qui va créer un problème pour les loups, et c’est là qu’Isabelle se trouve confrontée et se demande ce qu’elle doit faire, explique celle qui voulait éviter de rendre son roman didactique, mais qui avait néanmoins envie de transmettre certaines connaissances sur les loups, puisqu’elle-même a appris beaucoup de choses intéressantes sur ces animaux, au fil de son écriture.

Petit roman sans images et aux chapitres très courts, Isalou permet de réfléchir à une meilleure façon de partager notre monde avec d’autres créatures. Je pense que la jeunesse, c’est le futur, c’est eux qui peuvent changer les choses. Ils ont besoin des connaissances et de la passion, soutient Lyne Gareau, qui espère que ses jeunes lecteurs comprendront, grâce à leur lecture, qu’il n’y a pas juste une façon de voir le monde, et que ce n’est pas toujours aussi contradictoire qu’on le pense : on peut vivre en harmonie, affirme-t-elle. La clé serait la connaissance et la compréhension : plus on comprend ce qui se passe autour de nous, plus on change nos actions. C’est d’ailleurs sur cette note qu’Isalou se termine, avec un poème composé par Isabelle et dans lequel elle conclue : « Je deviendrai peut-être biologiste ou journaliste, scientifique ou artiste, j’écouterai, j’observerai, j’étudierai, parce que savoir, c’est pouvoir ».

Le roman jeunesse Isalou de Lyne Gareau est publié aux Éditions des Plaines.

Alice Côté Dupuis
15 janvier 2020