Trois livres pour découvrir la littérature queer
La communauté LGBTQ a de plus en plus de visibilité sur nos écrans, mais qu’en est-il dans notre littérature? La littérature n’est pas en reste avec l’émergence d’une littérature dite « queer », qui regroupe des œuvres mettant de l’avant des personnages ou des sujets qui touchent cette communauté. La littérature queer cherche à promouvoir la diversité et toute la richesse de la communauté LGBTQ. Pour suivre la parade, le Regroupement vous suggère trois livres pour découvrir la littérature queer.
Mordre jusqu’au sang dans le rouge à lèvres de José Claer (Éditions L’Interligne)
Ce recueil de poésie à saveur trash met en scène une personne qui cherche son genre parce qu’elle est née avec un sexe en point d’interrogation. Le(la) protagoniste expérimente la mutation et accouche d’une poésie non pas à l’index, mais au doigt d’honneur, qui farfouille dans vos fantasmes les plus honteux à la recherche d’un orgasme. Cette œuvre choque au premier abord, pour mieux vous happer. José Claer, auteur et poète trans, n’a pas la langue dans sa poche et réussit à frapper l’imaginaire avec ses images choc et ses mots crus …et tant pis pour les cœurs sensibles.
Seul avec mon corps de trans
Le sexe contemporain aux mâchoires de coquillage
La seringue à la main
Utilisant toujours des aiguilles d’horloge en retard
Pour me shooter le quotidien– José Claer, Mordre jusqu’au sang dans le rouge à lèvres, L’Interligne, 2019, p. 9
Inédit d’Eric Plamondon (Éditions du Blé)
Cette première pièce du dramaturge Eric Plamondon explore le « drame queer » vécu par beaucoup de membres de la communauté LGBTQ au cours de leur vie. L’auteur entend par « drame queer » la peur de s’afficher en tant que lesbienne, gaie, trans ou autre dans la vie quotidienne. Une crainte qui se manifeste chez certains avant leur coming out ou au moment de faire leur coming out, quand ils ignorent ou anticipent comment va réagir leur entourage. C’est un peu ce que vivent les personnages tout au long de cette pièce, n’arrivant pas à exprimer haut et fort leurs sentiments respectifs. Et c’est encore plus flagrant dans le développement de la relation entre Théo et Lucas, deux personnages masculins qui éprouvent secrètement des sentiments l’un pour l’autre. La pièce Inédit reflète donc notamment la peur d’être rejeté en affichant ses vraies couleurs.
— Peut-être. Peut-être je peux être une Drag non binaire ?
— Ben non… Tu peux pas être non binaire en Drag. The whole point c’est d’exagérer un personnage genré. Bine ou pas de bine.
— Oh Mama Ru, teach us the way !
– Eric Plamondon, Inédit, Blé, 2020, p. 16
À croire que j’aime les failles de Sylvie Bérard (Éditions Prise de parole)
Dans ce recueil de poésie, Sylvie Bérard se penche sur le sentiment d’être « assis entre deux chaises », de se sentir ni homme ni femme sans jamais être bien dans sa peau. De toujours chercher son genre et son orientation sexuelle, sans jamais les trouver réellement. En d’autres mots, avoir l’impression d’être « anormal » puisqu’on n’a pas les mots pour le dire, pour s’identifier. L’autrice le résume ainsi dans son recueil :
Queer. C’est peut-être le mot, découvert sur le tard, à l’aube de ma trentaine, alors que la génération suivante allait tomber dedans dès l’enfance, qui résume le mieux ce sentiment de ne pas totalement réussir à être comme il faut.
– Sylvie Bérard, À croire que j’aime les failles, Prise de parole, 2020, p. 108
Julien Charette
26 août 2020