Le REFC présente: Emmanuelle Rigaud, directrice générale des Éditions du Blé

24 janvier 2018
Entrevues portraits
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Si elle ne passe pas inaperçue là où elle passe, avec sa grande taille et son dynamisme, l’éditrice Emmanuelle Rigaud se cache pourtant dans l’ombre, en dirigeant les Éditions du Blé, au Manitoba, et en mettant en lumière ses auteurs plutôt qu’elle-même. Elle a tout de même accepté de se livrer quelque peu, lors du 40e Salon du livre de Montréal, en répondant à notre questionnaire.

1. À quel moment avez-vous décidé de devenir éditrice?

Ça s’est fait un peu par hasard. J’ai toujours été dans le milieu de la culture, que ce soit en France ou au Canada, et la directrice sortante des Éditions du Blé, Anne Molgat, m’a dit qu’il y avait un poste qui se libérait chez eux, et m’a proposé une formation d’un an; une transition d’un an avec elle. C’était l’idéal pour pouvoir avoir un poste de responsabilité, tout en ayant la formation derrière. Alors je me suis lancée, j’ai tenté!

2. Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre métier d’éditrice?

Ce que j’aime – et surtout aux Éditions du Blé, comme beaucoup de petites maisons –, c’est la polyvalence des tâches qu’il y a. Je fais beaucoup de choses, je dois donner un avis sur beaucoup de choses, aussi. Des fois c’est un peu compliqué, parce que je ne suis pas experte en tout, mais on devient très curieux, finalement, et on finit par avoir vraiment une bonne maîtrise de tout ce qui se passe pour la création du livre; de la sélection du manuscrit jusqu’à sa commercialisation. C’est très agréable d’avoir ça.

3. Lire tous ces manuscrits, ça ne vous donne pas envie de vous commettre à l’écriture à votre tour?

Pas du tout! Justement, au contraire, je pense. Plus je les lis, et plus j’ai l’impression de ne certainement pas avoir leurs capacités d’écriture. Je leur laisse ça!

4. Quelles ont été des lectures qui marquantes de votre jeunesse?

Quand j’étais jeune, je lisais beaucoup de Stephen King, parce que j’aimais beaucoup les choses qui faisaient peur! Et beaucoup de science-fiction, aussi. C’est marrant, parce que ce ne sont pas du tout les livres que je lis aujourd’hui. Si j’avais à nommer un livre en particulier, c’est très cliché, mais ce serait Fahrenheit 451, de Ray Bradbury. Je l’ai lu, et relu, et relu.

5. Quel serait pour vous un auteur incontournable de langue française?

Raymond Queneau, à l’international. Et si je reviens au Manitoba, ce serait J.R. Léveillé.

6. Est-ce qu’il y a un personnage fictif de la littérature que vous aimeriez rencontrer?

Benjamin Malaussène, de la saga de Daniel Pennac. J’aimerais bien le rencontrer! Il se débrouille bien, quand même, même si c’est un bouc-émissaire et qu’il lui arrive toujours des choses malgré lui. Il arrive toujours à se débrouiller, pas miraculeusement, parce que ses histoires sont quand même toujours rocambolesques, et surtout celle de sa famille. J’avoue que c’est surtout son côté où finalement, rien n’est très grave; je trouve que c’est une belle philosophie de se dire ça, « Ok, on va y arriver, on va surmonter tout ça ».

7. Quel genre de lectrice êtes-vous lorsque vous lisez pour le plaisir?

Être éditrice me rend beaucoup plus cool et beaucoup moins critique, je pense. Je vais vraiment chercher beaucoup plus de compassion, quelque part, envers les livres qui sont publiés, et j’ai beaucoup moins peur de sortir de ce qui me plait habituellement. Justement, quand j’étais jeune, je lisais des livres de science-fiction, d’horreur ou autres, mais là, je n’en lis plus du tout. Je lis beaucoup des choses auxquelles je n’aurais jamais touché avant. J’adore, par exemple, les Éditions de Ta Mère; j’aime beaucoup leurs bouquins. Donc j’ai plus envie de découvrir, je suis plus ouverte.

Alice Côté Dupuis