Quand un tableau vaut mille sentiments
le Regroupement vous présente
une nouveauté franco-canadienne
Jaz, de Michèle Vinet,
publié chez les Éditions L’Interligne
Que fait un artiste quand il est aux prises avec « un amour qui ne veut pas mourir » ? Si tous les chemins mènent à Rome, quel est celui qui aboutit au bonheur, alors même que nos émotions nous empêchent de voir la lumière ? Cinquième roman de Michèle Vinet, Jaz, paru aux Éditions L’Interligne, couche sur papier, « avec des phrases à bas résille et stilettos », les sentiments bruts qui consument le cœur brisé d’un artiste.
Dès les premières pages, le roman présente le personnage de Jaz et sensibilise le lecteur à diverses trames entremêlées : Pourquoi ce personnage cache-t-il une arme sous son oreiller ? Qui est cet autre qui lui murmure à l’oreille ? Et quel est cet accident qui tracasse notre protagoniste ? C’est au fil des « jaunes citron, verts pomme, blancs dentelle, noirs minuit » que ce peintre, solitaire et mélancolique depuis l’accident en question, se voit exhibé, mis à nu et, petit à petit, révélé au grand jour tout comme ses tableaux exposés à l’Auberge de la Tourmente. Des œuvres qui, y lit-on, empêchent de dormir, calment et font pleurer. Comment ?
Victime de son talent et d’un aubergiste cherchant à soigner sa bourse, Jaz devient la cible d’un amour adolescent en même temps que d’une galerie de renom. Si d’une part il doit faire face aux sentiments d’une jeune femme, il trouve d’autre part un confident à qui il s’ouvrira comme les multiples bouteilles qu’ils partageront. Dans cette histoire où se mêlent vin, toile et revolver, le peintre se verra obligé de faire face à un deuil qui le hante depuis longtemps.
Vivre le livre
Dans un style déclencheur, la narration de Michèle Vinet crée une sorte d’imagerie mentale qui colle parfaitement au propos, puisqu’il est question de se représenter des peintures. Et la facilité avec laquelle Vinet joue de ce procédé est une véritable aubaine. Ce récit haut en couleur et frôlant la poésie a de quoi subjuguer le lecteur dès les premières lignes. Les intrigues esquissées au tout début captent l’attention et tiennent en haleine jusqu’à la conclusion.
Plus que de la lecture, ce que donne à vivre Vinet est une expérience immersive laissant l’impression que l’on habite soi-même cet univers de la peinture jusqu’à se perdre dans les thématiques qui le peuplent : art, douleur et Amour avec un grand « A », pour ne nommer que celles-là.
À chacun son histoire
Selon la psychologie des couleurs, différents pigments ont le pouvoir d’influencer de différentes façons le comportement humain, dans une mesure unique à chaque personne toutefois. Vous êtes-vous déjà senti angoissé en entrant dans une pièce ? Calmé en observant un ciel ? Ce thème est récurrent dans Jaz, où Vinet interroge les tableaux et leurs effets sur l’humain. Les œuvres du personnage principal sont, en effet, cathartiques : madame Dujardin, par exemple, se trouve « toujours au bord des larmes lorsqu’elle contemple leur nouvelle toile .» Ce phénomène, dispersé au gré de l’histoire, de même que les noms de couleurs se succédant, complémentent le récit en exerçant une influence sur l’humeur du lecteur, comme si l’auteure avait voulu s’assurer de maîtriser la saveur qui reste en bouche après chaque plongée dans ses pages
Le roman Jaz de Michèle Vinet est publié aux Éditions L’Interligne.
Maël Bisson
septembre 2023