Entretien avec Daniel Marchildon

15 décembre 2014
Carnets
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Daniel Marchildon répond avec générosité à nos questions, portant sur son rapport au roman historique et son expérience d’écrivain. Pour feuilleter notre guide lecture en ligne, veuillez suivre ce lien.

 

À vos livres : Votre dernier livre, Le sortilège de Louisbourg (Éditions David), un roman historique pour adultes, comporte des descriptions détaillées de la forteresse de Louisbourg et des combats armés de l’époque. Quelle est l’importance de la recherche lors de la préparation d’un tel ouvrage?
Daniel Marchildon : C’est un boulot crucial, car la recherche me permet de partir du réel pour trouver la fiction, l’histoire que je vais inventer. Ensuite, je peux faire un mélange des deux, et les imbriquer l’un dans l’autre au point où le lecteur ne peut plus les distinguer (du moins c’est ce que je souhaite). Au cours de la recherche, on s’immerge dans les époques, les lieux et les événements qu’on veut faire revivre. Souvent, les découvertes qu’on fait sont si extraordinaires et passionnantes qu’on n’a pas plus besoin d’inventer grand-chose pour raconter une histoire palpitante. En général, je passe beaucoup plus de temps à faire la recherche qu’à écrire. Hélas ! une grande part de ce que je prends en note, même si c’est fascinant, ne trouvera pas une place dans mon roman. À la fin de chaque roman historique, je me dis que ce sera le dernier…

 

Daniel Marchildon
Daniel Marchildon
ÀVL : Dans ce même roman, nous retrouvons deux esclaves, Jean-Baptiste Cupidon et Catherine Françoise. Est-ce que l’esclavage était pratique commune à l’époque au Canada?
D.M. : Il y a eu plus de 200 esclaves juste à Louisbourg. L’esclavage en Nouvelle-France, bien que documenté, demeure un aspect méconnu de notre histoire, pour ne pas dire occulté. Plus étonnant encore, en plus des esclaves de race noire importés depuis les Antilles ou l’Afrique, à cette époque on retrouve des « Panis ». Ce sont des autochtones nord-américains qui ont été capturés et vendus en esclavage aux Français. Le nom Panis serait une déformation du nom propre Pawnee, une Première nation de l’ouest du continent. Comme je le montre dans mon roman, certains de ces esclaves réussissent à obtenir leur liberté, mais ce n’est pas un chemin facile.

ÀVL : Est-ce que vous vous considérez comme un historien?
D.M. : Quand j’écris des romans historiques, je suis davantage un détective de l’histoire. Je pars à la recherche de la « vraie histoire », bien sûr, mais je cherche aussi la « petite histoire », les faits ou événements insolites et surtout les mystères historiques. En tant que romancier, j’adore proposer des explications pour des questions qui demeurent sans réponse dans l’histoire réelle. À Louisbourg, pendant les fouilles archéologiques, on a trouvé une épée d’officier au fond des latrines. Dans mon roman, on apprend comment cette épée a abouti là, même si, en réalité, ça demeure un mystère.

ÀVL
: L’action de vos deux derniers romans pour adolescents se déroule dans le passé (La première guerre de Toronto, Éditions David) et dans le futur (Les guerriers de l’eau, Éditions du Vermillon). En quoi ces sauts dans le temps vous inspirent-ils?
D.M. : Je n’écris pas de la fiction historique pour parler du passé, ou encore de la science-fiction pour parler de l’avenir. En fait, je vise à susciter une réflexion sur le présent. Aborder des sujets importants pour nous, que ce soit l’amour, la quête d’identité ou le besoin de protéger l’eau, dans une époque autre que la nôtre, constitue une façon détournée (et peut-être moins bouleversante pour le lecteur) d’y parvenir. Quitter sa propre époque donne l’occasion d’exercer sa créativité, mais cela engendre des défis supplémentaires, comme respecter la vérité historique ou imaginer des technologies qui n’existent pas encore.

la premiere guerre de toronto
La première guerre de Toronto, Les Éditions David, 2010

les guerriers de l'eau
Les guerriers de l’eau, Les Éditions du Vermillon, 2012

le sortilege de louisbourg
Le sortilège de Louisbourg, Les Éditions David, 2014


ÀVL
: Quels sont vos projets, littéraires et autres?
D.M. : Mon prochain livre, Zazette, la chatte des Ouendats, paraîtra au tout début de 2015 chez Soulières éditeur.  C’est un mini-roman historique illustré pour les 7 ans et plus, qui s’inspire d’un fait réel décrit par les missionnaires en 1626, soit l’arrivée du premier chat dans la Huronie. De plus, je suis un des auteurs qui participera au concours Histoires Collectives de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) du 2 février au 13 mars 2015. Je devrai écrire un début d’histoire que des jeunes auront le défi de compléter. J’aurai ensuite l’occasion de visiter une des écoles gagnantes du concours.

 

D’autres titres de Daniel Marchildon à découvrir :

L'eau de vie (Uisge beatha) (poche), Les Éditions David, 2014
L’eau de vie (Uisge beatha) (poche), Les Éditions David, 2014

Course pour la justice et autres récits
Course pour la justice et autres récits, CFORP, avec Micheline Marchand et Anne-Marie Fournier

Quand les défis s'en mêlent et autres récits, CFORP, 2013, avec Céline Forcier et Michèle LeBlanc
Quand les défis s’en mêlent et autres récits, CFORP, 2013, avec Céline Forcier et Michèle LeBlanc