«Perdue au bord de la baie d’Hudson» de Micheline Marchand : L’exil vers soi

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Perdue au bord de la baie d’Hudson de Micheline Marchand
L’exil vers soi
Le Grand Nord canadien peut sembler hostile, noir et froid. Pourtant, dans Perdue au bord de la baie d’Hudson, le nouveau roman de la collection 14/18 des Éditions David écrit par Micheline Marchand, celui-ci dévoile sa luminosité et sa puissance particulière. C’est isolée à Churchill, au Manitoba, que la jeune Zoé, troublée par un événement qu’elle a de la difficulté à gérer, trouvera non seulement un entourage et un environnement lumineux pour l’aider à se relever, mais aussi la résilience nécessaire pour pouvoir continuer.
Zoé est très mal à l’aise dans sa peau, elle souffre d’un événement qui est arrivé, et la façon dont elle essaie de gérer ça, c’est en se coupant, en se mutilant, raconte l’autrice Micheline Marchand, qui ne considère pas que l’automutilation est une solution, mais qui espère néanmoins avoir réussi à aborder le sujet sans jugement. On a toutes nos façons de faire : il y a des gens qui méditent, d’autres qui boivent de l’alcool ou deviennent des marathoniens, et elle, c’est la façon qu’elle a trouvée. Elle a décidé de fuir, parce que devant le regard de son père, elle se sent encore plus coupable de ne pas pouvoir mieux gérer sa situation. Elle quitte donc Ottawa vers le nord du Manitoba afin de trouver une façon de s’en sortir sans avoir besoin de poser ce geste.
Aller à la rencontre de soi et des autres
C’est chez son cousin que Zoé se rend, à Churchill, découvrant au passage l’histoire fascinante de ce lieu, mais aussi sa géologie, sa géographie, sa faune, et même l’aspect de ses roches qui est différent, et qui font de cette ville un lieu spectaculaire. Bien qu’il s’agisse d’un endroit plutôt isolé, Zoé profitera d’échanges avec des locaux, mais aussi avec des touristes, qui sont nombreux à certaines périodes de l’année. C’est d’ailleurs Ludo, un jeune Belge plutôt érudit avec qui elle crée une amitié, qui l’aidera et agira comme une influence positive pour elle. Ludo est une personne qui voit la vie de façon lumineuse, alors il y a un certain contraste, parce qu’elle, ce n’est pas facile ce qu’elle vit, et lui, on dirait que tout est lumineux autour de lui.
Cette rencontre va vraiment l’aider, elle va se poser des questions importantes dans sa vie, raconte Micheline Marchand. C’est aussi Ludo qui donnera à Zoé un livre sur Thanadelthur, un personnage important de l’histoire canadienne qui a fasciné l’autrice. C’est une jeune femme qui était dans la région de Churchill dans les années 1700 et qui a été une personne-clé pour ouvrir le commerce davantage pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, raconte-t-elle. Au fil de son roman, elle proposera donc des extraits de ce livre, permettant d’apprendre quelques pans d’histoire, mais aussi de réfléchir au sujet de la résilience, une qualité qui caractérise Thanadelthur. C’est quelque chose que Zoé doit apprendre, la résilience, pour trouver l’espoir de pouvoir continuer, ajoute l’écrivaine, qui utilise ce personnage-clé du développement du Grand Nord pour permettre à sa propre héroïne de grandir.
L’importance de connaître son histoire
Comme le personnage de Zoé est d’origine franco-ontarienne, mais aussi métisse, il va de soi que son passage au Manitoba comporte une forte symbolique pour que la jeune femme puisse apprendre à mieux se connaître. Personnellement, je trouve que l’histoire de nos communautés fait partie de qui on est et de comment on chemine, affirme Micheline Marchand, qui trouvait important d’utiliser des informations et des faits véridiques dans son roman, mais pas juste pour parler d’histoire, parce qu’il y en a beaucoup de choses que j’aurais pu ajouter. Mais je pense vraiment que le fait de connaître l’histoire du lieu et des personnes qui vivent là où on vît nous aide à développer qui on est.
Perdue au bord de la baie d’Hudson est donc un roman de recherche de soi et de quête identitaire, aux dires de son autrice, qui souligne néanmoins l’amitié comme étant un thème-clé de son livre. Mais ce que l’écrivaine espère que les jeunes et moins jeunes lecteurs retiendront de son récit est avant tout la résilience, et la confiance que même si on a des obstacles dans la vie, il y a une façon de les surmonter. Je crois fermement à la lumière au bout du tunnel, même si ce n’est pas facile quand tu es dans le tunnel. Il faut s’accrocher.
Le roman Perdue au bord de la baie d’Hudson de Micheline Marchand est publié dans la collection 14/18 des Éditions David.
Alice Côté Dupuis
23 janvier 2020