«Monsieur Maillardville. Un pionnier visionnaire» de Marie-Laure Chevrier :

Un héritage à redécouvrir

11 novembre 2021
Actualité
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Monsieur Maillardville. Un pionnier visionnaire
de Marie-Laure Chevrier :
un héritage à redécouvrir

 

Jean-Baptiste (Johnny) Dicaire junior est ce que l’on appelle un pionnier. En 1909, il est parti de la ville de Hull, en Outaouais, pour s’établir en Colombie-Britannique avec sa famille. Bilingue, travailleur acharné, boute‐en‐train et visionnaire, Johnny, que ses concitoyens surnommeront « monsieur Maillardville », se sera voué corps et âme à la communauté britanno-colombienne de Maillardville afin de la faire grandir. Monsieur Maillardville. Un pionnier visionnaire, réédition illustrée par Michael Kluckner du livre Le rêve de Monsieur Maillardville, écrit par Marie-Laure Chevrier et publié aux Éditions Pacifique Nord-Ouest, nous emmène donc à la rencontre de ce francophone hors du commun dont l’histoire est méconnue.

Ce projet a commencé à germer dans la tête de Marie-Laure Chevrier à son arrivée comme enseignante à l’école Millside de Maillardville. Cet établissement scolaire, explique Chevrier, est une école historique bâtie par les pionniers bûcherons francophones venus travailler et s’établir dans la région de Fraser Mills. Je me trouvais privilégiée en tant qu’enseignante de langue d’être tombée dans un milieu où les descendants des bâtisseurs de l’établissement scolaire vivaient toujours à proximité. Pour Chevrier, cette œuvre est le fruit d’une vingtaine d’années vécues au sein de cette communauté, à en apprendre davantage sur les hommes et les femmes qui ont fait de Maillardville ce qu’elle est aujourd’hui.

La première édition de ce livre coïncidait avec le centenaire de la communauté, une des plus vieilles agglomérations francophones de la Colombie-Britannique. L’ouvrage, financé par la communauté et la ville de Coquitlam, fut présenté et distribué durant le gala organisé dans le cadre du centenaire. Tous les exemplaires de la version précédente étant épuisés, une nouvelle version s’imposait. Monsieur Louis Anctil, des Éditions Pacifique Nord-Ouest, m’a parlé de son intérêt à le rééditer pour en faire un roman jeunesse que les enseignantes et les enseignants pourraient utiliser en classe.

Une mine d’informations

Marie-Laure Chevrier a eu accès à plusieurs sources de renseignement en lien avec son sujet, dont les écrits d’un historien d’origine libanaise tombé en amour avec l’endroit, mais aussi des membres de la famille Dicaire. L’autrice raconte : Je n’ai pas eu la chance de connaître monsieur Dicaire, mais j’ai rencontré sa fille cadette, qui vivait à Surrey, en banlieue de Vancouver. Je suis allée la voir à de nombreuses reprises pour qu’elle me parle de son père et me confirme [la véracité de] ce que j’écrivais.

Chevrier s’est vite rendu compte de l’importance de ce personnage pour la communauté francophone de Coquitlam. Je peux dire que parmi toutes les informations que j’ai recueillies [autour de] l’histoire des francophones en Colombie-Britannique, le nom de monsieur Dicaire était toujours mentionné et louangé. Cela montre bien l’influence qu’a eue Johnny Dicaire en Colombie-Britannique francophone.

Une fierté francophone à faire renaître

Ce roman jeunesse est une forme d’hommage à un homme qui a tant fait pour sa communauté. Monsieur Dicaire, rappelle l’autrice, c’était un rassembleur qui a donné à ses concitoyens la force de garder le moral malgré les grèves qui n’en finissaient plus. C’était un homme qui s’est mis au service de sa communauté. Il était apprécié tant des francophones que des anglophones, mais aussi des étrangers venus travailler dans les scieries de Fraser Mills. On ne peut qu’être admiratif à la lecture de l’histoire qui est racontée dans ce livre. Il faut aussi souligner la force de caractère de la communauté en question, qui a su se tenir debout et solidaire contre vents et marées, et ce, depuis plus d’un siècle.

D’une certaine façon, Chevrier a voulu braquer les projecteurs sur Dicaire, en soi un riche héritage que les francophones méritent de découvrir ou de redécouvrir. Le but était donc, d’une part, d’éviter que le personnage ne tombe dans l’oubli, et d’autre part de rappeler aux jeunes de la communauté, mais aussi à l’ensemble des jeunes Franco-Canadiens, qu’ils devraient être fiers de leur patrimoine. J’espère que [la lecture de mon roman] va accroître le sentiment de fierté des élèves francophones de Maillardville. Ils se sentent parfois obligés d’apprendre la langue de leurs ancêtres. Je veux montrer à ces élèves que c’est un privilège et une chose tout à fait normale de poursuivre l’œuvre des pionniers.

Le roman jeunesse Monsieur Maillardville. Un pionnier visionnaire de Marie-Laure Chevrier est paru aux Éditions Pacifique Nord-Ouest, aux formats papier et numérique.

Julien Charrette
11 novembre 2021