Un petit roman incertain
Auteur.trice: Gilles Lacombe
Un personnage « peuplé » et défini par le discours des autres, la salle des pas perdus d’un aéroport comme lieu principal, l’écriture d’un roman incertain par un écrivain inexistant comme unité d’action: voilà les particularités que met en scène, pour notre plus grand plaisir, l’auteur Gilles Lacombe. Un petit roman incertain est ponctué d’une myriade d’«il a entendu dire», qui servent de repères au lecteur pour apprendre à mieux cerner l’identité incertaine du protagoniste qui, comme un voyageur impénitent, ne cesse de se questionner avec humour et intelligence pointue sur ceux qui l’entourent, pilotes et canaris, anges, chiens et douaniers, et sur les rapports, bizarrement romanesques, de l’écriture et de la vie. Grâce à une poésie qui décape le quotidien, qui bouleverse et amuse tout à la fois, Gilles Lacombe apporte sa pierre d’achoppement à la mécanique de l’écriture, à son pourquoi, à son but, à ses ramifications qui prennent racines dans le foisonnement du langage. Le mot « mécanique » est utilisé ici à bon escient, car il figure des rouages comme ceux d’une horloge, qui grincent et prennent de l’avance sur le discours social, car le poète est bien souvent décollé des certitudes communes. Et ce petit roman incertain est un véhicule puissant, apte à transporter les mystères, montant à l’assaut de la séparation des genres et des discours convenus, fussent-ils le postmodernisme ou la déconstruction. Cette oeuvre est piège aussi, car qui la lit n’en sort pas indemne, portant désormais le sceau d’une naissance au sein du poétique.Tout incertain et romanesque soit-il.