Paysages de désir
J.R. Léveillé: réflexions critiques
Auteur.trice: Rosmarin Heidenreich
Le titre de ce recueil est inspiré par l’un des thèmes que l’on trouve dans tous les textes de Léveillé: l’association du désir à la création artistique, thème souvent exprimé de façon métaphorique comme l’inscription dans un paysage. Il s’agit d’une métaphore complexe, car si c’est le «paysage» (une métaphore pour la vie), toujours changeant, qui éveille le désir de l’écrivain et qui «s’inscrit dans lui», c’est l’écrivain qui, par ses œuvres, s’inscrit lui-même dans ce «paysage», qui en est un de désir. Ce «paysage» est transmis par les perceptions, par l’œil, de celui qui veut le capter, qui s’y «inscrit». Dans le moment de sa (re)création, la réalité est condensée, transformée, devient autre, comme l’explique le narrateur de Nosara dans une autre métaphore, celle-ci dérivée de la photographie: la reconnaissance de «surprises», la reconnaissance de l’Autre dans ce-qui-nous-paraît-familier, ne devient possible qu’à travers l’«objectif», le désir esthétique qui l’inscrit. La capacité de «voir les choses ensemble», de saisir ce qui est familier et ce qui est autre, et d’appréhender comment les deux sont reliés, est à la base de toute compréhension. Dans ce sens, il existe un moment esthétique dans toute expérience humaine véritablement consciente. C’est à cette dimension esthétique latente qui se manifeste en «voyant les choses ensemble» que le narrateur de Nosara fait allusion, en constatant, de façon laconique, que «Tout est là».