Miroir sans teint
Auteur.trice: Tina Charlebois
Ironie tranchante, humour désabusé et observations pénétrantes caractérisent Miroir sans teint, un recueil de poésie de Tina Charlebois, un mélange de commentaire social, de révélations personnelles et de questionnement identitaire. Certains raccourcis en disent plus que 1 000 images: « Mon choix de langue / dépend de mon amant / du mois» («Multilinguisme», p. 41). Dans la réflexion identitaire, le vers libre cède la place à une prose poétique dont l’outrage, la dérision et le grincement relèvent de l’essai créatif et du lyrisme déchaîné.
L’humour désabusé, souvent noir, puise dans ce que la vie offre de plus «moderne» pour marquer ses points, comme les gadgets (une nouvelle application sur leur iPod) qui tiennent lieu de rêves (échantillons d’espoir) à crédit (où American Express s’exprime) en se faisant pourvoyeurs de nostalgie en conserve sur commande dans le poème « À coups de pirates » (p. 17). Ailleurs («Orifice», p. 18), l’auto-indulgence remplace l’idéal pour produire l’obésité, et ce trop-plein de consommation est révélateur d’une affligeante pauvreté de l’imagination, du coeur et de l’âme. Alors, tout vire au faux et même le sourire n’est plus qu’un rictus involontaire («Passagère», p.19).
Et cela continue ainsi de page en page, non sans des adoucissements de ton, des moments de tendresse amoureuse et de complicité sensuelle. La lecture de ce court manuscrit procure des plaisirs, des joies et des surprises dignes d’une auteure reconnue pour son originalité impertinente et sa pertinence nécessaire.
Récipiendaire du Prix littéraire Le Droit 2015 dans la catégorie "poésie"