Comment un peuple oublie son nom
La crise identitaire franco-ontarienne et la presse française de Sudbury (1960-1975)
Auteur.trice: Michel Bock
Les années soixante-dix, en Ontario français, sont porteuses de transformations idéologiques retentissantes. Dans la foulée de la Révolution tranquille au Québec, le nationalisme canadien-français traditionnel est chassé du discours dominant, alors même que le gouvernement fédéral, par l'entremise de ses politiques linguistiques, en vient à occuper une place de plus en plus grande dans la vie socioculturelle des minorités françaises.
Ces bouleversements entraînent dans leur sillage un réaménagement fondamental du discours identitaire des Franco-Ontariens. Les notions de culture, de communauté et d'histoire habituellement associées à la nation canadienne-française sont évincées en faveur d'un discours individualiste, basé sur l'expression linguistique et l'appartenance à une quelconque nation «canadienne». De «Canadiens-Français» qu'ils étaient, les Franco-Ontariens deviennent des «francophones», c'est-à-dire des «parlant français», sans assises culturelles.
Comment un peuple oublie son nom trace l'évolution des termes clés de l'identité franco-ontarienne telle qu'elle se manifeste, sur une période de quinze ans, dans la presse française de Sudbury. Les résultats sont probants.