« Comment on a écrit certains de mes livres » de J. R. Léveillé :

Réflexions sur l’écriture

5 novembre 2021
Actualité
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Comment on a écrit certains de mes livres
de J. R. Léveillé :
Réflexions sur l’écriture

 

J. R. Léveillé fait partie de ce club « sélect » des autrices et auteurs francophones les plus reconnus dans les Prairies et l’Ouest canadien. Après Ganiishomong, ou L’extase du temps, il nous revient avec Comment on a écrit certains de mes livres, un essai sur l’écriture publié aux Éditions du Blé. Ici, l’auteur s’interroge sur son processus de création, ses inspirations et l’évolution de son œuvre. On y découvre des articles, des transcriptions de conférences et d’entrevues, et des archives photographiques.

L’idée associée à cette œuvre ne date pas d’hier, explique Léveillé. C’est un projet que j’ai en tête depuis longtemps. J’ai regroupé certains articles ou certaines préfaces que j’ai publiés ailleurs, mais le contenu est essentiellement de l’inédit. Ce n’est [pareil à] aucun de mes autres livres. Je me réfère à certains d’entre eux, mais c’est une œuvre totalement différente et nouvelle.

Revenir à l’essentiel

Léveillé s’est questionné sur l’écriture en tant qu’art et sur la forme que celle-ci prend dans ses textes. J’ai toujours perçu l’écriture comme quelque chose de magistral, quelque chose de supérieur, de suprême. Cet essai cherche à rappeler que la forme d’une composition est aussi importante, si ce n’est plus, que son contenu. Trop souvent on se préoccupe beaucoup du contenu, mais pas assez de la forme, alors que c’est elle qui « laisse parler » ce qui est sous-jacent.

On pourrait croire à tort à un genre de « livre de recettes » pour écrivain. Or, affirme l’auteur, ce n’est pas un manuel pour savoir écrire un livre; je ne fais qu’indiquer comment moi-même j’ai procédé. Ce n’est pas la vérité sur l’œuvre. Je ne suis pas en train de dire : voici le sens de mon œuvre.

Emprunter pour mieux créer

Le titre de l’essai s’inspire de celui du livre de Raymond Roussel, Comment j’ai écrit certains de mes livres. L’auteur raconte : Quand j’étais au collège, au début de ma vingtaine, j’ai beaucoup étudié l’œuvre de Raymond Roussel, qui était très différente de ce qui se faisait à l’époque. D’où le clin d’œil à cet auteur dont Léveillé a tant apprécié le travail. J’ai nommé mon œuvre Comment on a écrit certains de mes livres parce qu’il y avait certains emprunts à Raymond Roussel. Le livre de Roussel sert un peu de tremplin au mien.

Cette filiation amène Léveillé à évoquer le travail d’autres artistes desquels il s’est inspiré pour ses œuvres. On parle ici d’Arthur Rimbaud, d’Henri Matisse ou encore de Jean-Sébastien Bach. On explore cette intertextualité tout au long du livre. C’est un peu comme créer un cosmos d’interconnexions entre les auteurs et les pensées. L’inspiration elle-même devient un prétexte. Il faut y référer, mais l’originalité demeure dans le livre qui se fait en ce moment.

Léveillé théorise donc sur l’apport de prédécesseurs et se demande comment la simple mention du nom d’un artiste célèbre ajoute de la profondeur à un texte. Par exemple, si l’on mentionne Picasso dans un poème, les lecteurs qui connaissent ce peintre verront toutes sortes de choses. La composition atteint alors une densité [qui serait inégalée] sans cette mention à Picasso. L’écriture est un grand métissage : il ne faut pas craindre de référer à d’autres. Il y a toujours eu un premier livre avant le sien, et il y en aura d’autres après celui-ci.

L’essai Comment on a écrit certains de mes livres de J. R. Léveillé est paru aux Éditions du Blé aux formats papier et numérique.

Julien Charette
5 novembre 2021