«Flush» de Marie-Claire Marcotte : Une histoire de famille
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Flush de Marie-Claire Marcotte :
Une histoire de famille
Tout commence avec Corinne, qui décide de cogner à la porte d’un petit immeuble délabré pour offrir en cadeau un poisson rouge. Elle y rencontre alors Marthe, Fred et La Petite, dans un univers à l’humour lugubre où tout lui semble étrangement familier. Plusieurs questions s’entremêlent dans la pièce Flush, de Marie-Claire Marcotte, publiée aux Éditions L’Interligne, afin de poser une véritable réflexion sur le sens de la famille et sur ce qui peut en rester après un grand choc.
L’autrice Marie-Claire Marcotte dit toujours s’inspirer d’une image pour créer un univers par l’écriture. Une image qui persiste, qu’elle doit apprivoiser et derrière laquelle se cache une intrigue, qu’elle peut par la suite explorer à travers des dialogues. Avec Flush, je continuais à voir une femme, fin trentaine, qui emménageait dans un petit studio, qui tentait de recommencer sa vie et qui était entourée des choses des autres, de l’ancienne locataire. Même si le projet a évolué au cours des années, ce qui est apparu au fil de l’histoire, c’est la question de famille, m’explique-t-elle. Qu’est-ce que ça veut dire, être une famille ? Vraiment, c’est quoi le sens profond du mot famille : ça m’interpelle beaucoup dans pas mal tout ce que j’écris. C’est l’histoire d’une famille qui vit un choc et qui doit apprendre à s’aimer à nouveau.
« C’est l’histoire d’une famille qui vit un choc et qui doit apprendre à s’aimer à nouveau. »
– Marie-Claire Marcotte
Les rôles familiaux
Au fil du texte, le lecteur est constamment plongé dans le doute quant aux liens qui unissent ces différents personnages, et c’est là l’effet que cherchait à produire la dramaturge chez son public. Dès qu’on dit qui est la mère, qui est le père, je trouve qu’on a des idées préconçues de comment cette personne devrait être. Alors, je voulais présenter les personnages comme étant des êtres humains tout d’abord, et après, tranquillement, dévoiler qui sont les parents. J’espère que ça peut amener à une réflexion plus approfondie de nos jugements face aux mots mère et père, m’explique-t-elle.
Le théâtre permet ainsi à Marie-Claire Marcotte d’explorer entièrement son sujet de sa quête en l’interrogeant sous plusieurs angles, et c’est cette ouverture d’esprit qu’elle souhaite transmettre. Mon souhait, c’est d’apporter une réflexion qui pourra ensuite continuer vers une autre réflexion, un débat, une conversation entre les lecteurs.
Mettant en scène des personnages de différentes générations vivant tous sous un même toit, Marie-Claire Marcotte désire livrer un message d’espoir, car comme elle le dit si bien : Je crois qu’il peut y avoir de l’espoir et de l’humour dans tout ! Ainsi, le personnage de La Petite permet de présenter les choses sous un angle différent. Je suis très attirée par les personnages plus jeunes, parce que je sens qu’à travers eux, il peut y avoir une mention d’espoir. Parce que les enfants ont, à mon avis, la capacité de voir les choses de manière plus claire et de nommer les choses [par leur vrai nom], alors que les adultes n’ont plus cette capacité, ou ont peur de voir les choses telles qu’elles sont.
Un titre évocateur
Au premier abord, le titre Flush peut intriguer ou faire sourire, mais après une petite réflexion, on constate combien il est évocateur. L’autrice me raconte que l’idée lui est venue alors qu’elle venait d’ajouter l’élément du « poisson » à la pièce. Quand un poisson rouge meurt, on le met dans la toilette et on tire la chasse d’eau. J’aimais le parallèle avec le personnage principal de Corinne, qui essaie d’oublier son passé, qui essaie de recommencer. On peut essayer de « flusher » [son passé], mais on ne peut pas changer qui l’on est, fondamentalement. Notre passé fera toujours partie de nous, comme le poisson qui, dans la pièce, refuse de mourir.
La pièce de théâtre Flush de Marie-Claire Marcotte est publiée aux Éditions L’Interligne et sera montée sur scène en 2021 par La Troupe du Jour de Saskatoon ainsi qu’au Théâtre français de Toronto.
Mylène Viens
19 février 2020