« Boussole franche » d’Amber O’Reilly: Ode à la sexualité au féminin
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Boussole franche d’Amber O’Reilly :
Ode à la sexualité au féminin
Boussole franche d’Amber O’Reilly est une exploration linguistique, émotive et naturelle des lieux par lesquels l’autrice a transité au cours de sa vie. Les poèmes ainsi recueillis par les Éditions du Blé sont une transposition des émotions que la poète a ressenties tout au long de son parcours, témoins de ses expériences, de ses découvertes et de sa croissance. Dans ses mots, le recueil est, en quelque sorte, une courtepointe de mes expériences et de mon vécu dans différents lieux au cours de ma vie. Une rose des vents d’une grande géographie de l’intime, du féminin et du social.
La boussole dans le titre fait référence à la force motrice intérieure qui guide O’Reilly à travers les méandres de son existence. C’est un peu ce qui m’oriente pour savoir d’où je viens et où je m’en vais. Elle a cherché à être le plus honnête et fidèle possible à ses émotions ; c’est pourquoi le mot « franche » complète le titre.
O’Reilly m’avoue candidement : Je suis un peu égoïste, dans le sens que j’écris surtout pour moi-même, mais si les autres [y] voient quelque chose, eh bien, tant mieux. Les écrivains ne le sont-ils pas tous un peu, égoïste dans leur écriture ? D’ailleurs, n’est-ce pas ce qui a fait le succès de certains d’entre eux ? Pour la poète, l’écriture a ce côté inévitablement thérapeutique : L’écriture, c’est vraiment un outil, pour moi. Je vis pour écrire […], c’est un moyen de digérer mes expériences. Nous sommes donc en présence d’une écriture du ressenti, c’est-à-dire que les poèmes ont été composés avec beaucoup d’émotion. Une émotion qui nous submerge à la lecture de Boussole franche.
Ode à la nature
La nature est un aspect omniprésent dans cette œuvre. La nature, dit O’Reilly, c’est quelque chose qui est omniprésent, même si la plupart des poèmes se déroulent [en] paysage urbain. C’était important pour moi de « revenir à la source », surtout dans la section du recueil intitulé « Nord-Ouest », où je me rappelle la nature entourant la ville de Yellowknife. J’y fais aussi référence dans la partie [intitulée] « côte ouest ». C’était quelque chose qui était très présent durant mon séjour là-bas. On ressent donc intimement la relation qu’entretient l’autrice avec cette nature, en tant que fille de Yellowknife. Elle invite d’ailleurs ses lecteurs et lectrices à avoir une curiosité [pour le] Nord canadien, à y aller, à se renseigner sur les réalités nordiques.
Amber O’Reilly a beau avoir quitté les Territoires du Nord-Ouest, eux ne l’ont pas quittée. Elle demeure attachée à sa contrée natale du Nord canadien. Une certaine culpabilité d’avoir dû partir de Yellowknife l’habite toujours. C’est la dure réalité de beaucoup de jeunes Ténois qui doivent s’exiler ailleurs au Canada pour aller étudier ou travailler. Pour sa part, elle a choisi le Manitoba et la ville de Winnipeg.
Certains des poèmes expriment brillamment son adaptation difficile à la vie urbaine. C’est vrai qu’en ayant grandi dans une ville qui est plutôt un village, une petite communauté, j’ai eu un énorme choc en arrivant à Winnipeg en 2013. Ç’a été une adaptation difficile, mais à présent, j’y suis habituée, donc ça me dérange un peu moins. Pour moi, ce qui est important, c’est d’avoir une liberté de mouvement, peu importe où je me trouve.
La sexualité au féminin
Le féminisme occupe une grande place dans ce recueil de poésie, même si tel n’était pas l’objectif premier de l’écrivaine. Il y a des textes où j’ai une prise de position assez forte sur le féminisme. Surtout dans la partie intitulée « Sud » dans le recueil. On peut penser notamment au poème « Autostop », qui évoque la peur constante de l’agression, ou encore à « Ébarouir », à « Dre Choc », une référence directe à l’avortement, ou à « Être ».
O’Reilly pose un regard féminin sur la sexualité des femmes. Une perspective trop longtemps mise de côté — au profit du regard masculin — sur le corps de la femme. Elle me fait remarquer qu’en ce moment, [la condition de la femme] est beaucoup interprété et présenté par des hommes. Il serait peut-être temps d’inverser la donne. Je souhaiterais que plus de femmes aient le courage de parler de leur sexualité, et surtout, qu’elles n’aient pas peur de le faire.
Le recueil de poésie Boussole franche d’Amber O’Reilly est paru aux Éditions du Blé.
Julien Charette
2 décembre 2020