Deux auteurs acadiens dans des écoles québécoise

L’ACELF a permis à Marie Cadieux et Louÿs Pitre de visiter cinq écoles primaires
Lire c’est bien, c’est passionnant, mais quand en plus on rencontre un auteur, on ne peut pas rester indifférent, a résumé Colette Lauzon, directrice de l’École des Moissons, à Sainte-Anne-des-Plaines, pour exprimer la raison pour laquelle elle s’est empressée de répondre positivement à l’offre de la Commission scolaire des Seigneuries-des-Milles-Îles, à qui l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) avait proposé ce projet de tournée d’auteurs dans ses écoles. C’est Marie Cadieux (Bouton d’or Acadie) et Louÿs Pitre (Éditions La Grande Marée) qui ont eu la chance de visiter cinq écoles primaires durant la semaine, dont celle des Moissons, jeudi dernier, où nous sommes allés les voir à l’œuvre auprès des jeunes.
Portant son chapeau d’auteure, et non d’éditrice, Marie Cadieux s’est entretenue avec des élèves de sixième année pour présenter son plus récent livre, Histoire de galet, qui s’est mérité le prix Champlain 2018 et qui plonge les lecteurs dans la Seconde Guerre mondiale. De son côté, le grand conteur Louÿs Pitre a fait le bonheur des jeunes de deuxième et troisième année en allant leur raconter Le trésor de Jack Simon, l’un de ses romans jeunesse à l’intrigue captivante. Allant à la rencontre de six classes sur les quatorze de l’École des Moissons, les deux auteurs ont non seulement diverti grâce à leur récit, mais ont aussi fait passer d’importants messages au sujet de l’Acadie et de la francophonie hors-Québec.
En s’attardant à des détails historiques sur la découverte et le développement de l’Acadie, Marie Cadieux a su bien établir les particularités de sa région sans tomber dans le cours d’histoire. Après avoir expliqué la distinction entre les processus d’écriture, d’édition et d’illustration, l’auteure a pris un moment pour présenter la maison d’édition qu’elle dirige – Bouton d’or Acadie –, sa collection Wabanaki sur les peuples autochtones, ainsi que la trilogie La butte à Pétard de Diane Carmel Léger, pour illustrer les conséquences de la déportation acadienne chez les jeunes.
C’est ensuite vers son propre livre qu’elle s’est tournée, évoquant d’abord sa page couverture et la signification des couleurs du titre. Utilisant des extraits du documentaire à propos de la Seconde Guerre mondiale « Les ailes du monde », qu’elle a réalisé, afin de faire des liens avec son livre et présenter la dame qui a inspiré son personnage de Madame Agnès, l’auteure a aussi abordé la notion de métaphore avec les élèves, après avoir lu deux extraits de son roman jeunesse. Finalement, les interventions de Marie Cadieux ont été un amalgame fort intéressant entre l’aspect historique et l’aspect culturel de l’Acadie, et les jeunes, très attentifs, ont bien participé, particulièrement quelques garçons captivés par le sujet de la guerre.
Entre temps, chez les deuxième et troisième année, « Capitaine Louÿs », comme on l’appelle à cause de son chapeau, émerveillait son auditoire avec ses nombreux trésors et sa livraison fort colorée de l’histoire Le trésor de Jack Simon. Faisant participer les jeunes dès le début, en leur posant des questions sur les différentes provinces – où ils vivent, où on parle français – et en leur demandant d’exprimer leur opinion sur divers sujets, l’auteur a tout de suite captivé les élèves et a su saisir leur attention pour leur présenter son coin de pays, l’Acadie. N’oubliez jamais qu’ailleurs vous avez des cousins, cousines qui parlent français, a-t-il résumé, après avoir parlé de la grande francophonie. Amusant et dynamique, Louÿs Pitre n’a toutefois pas tardé à présenter Muska, son chien, et Jack Simon, son grand ami avec qui il cherchait des trésors avec un détecteur de métal.
Habile conteur, M. Pitre faisait régulièrement parler et participer les enfants, leur demandant de l’aider à compléter son récit ou de lire ici des cartes postales, et là, une inscription sur un objet. Mais le plus satisfaisant pour les enfants demeura sans doute les illustrations de Réjean Roy, imprimées sur de grands cartons, que l’auteur utilise pour imager son récit, ainsi que les divers objets apportés avec lui dans son grand sac mystérieux. Des pierres précieuses aux coffres au trésor, chaque nouvel élément sorti de la besace de Louÿs Pitre suscitait des petits cris d’admiration ou de surprise. Bien sûr, il y a eu également beaucoup de rires, grâce à des confessions cocasses et aux histoires amusantes de Muska, la chienne de l’auteur. Mais même s’il fait beaucoup rire avec ses histoires, sa plus grande qualité est sa capacité à captiver les jeunes : il faut voir les nombreuses mains se lever avec empressement lorsque M. Pitre leur dit qu’il a besoin de l’aide de quelqu’un!
Rencontrée après les activités, la jeune Milia Jobin, qui a eu droit à l’abracadabrant récit de Louÿs Pitre, avoue avoir beaucoup apprécié les pépites d’or montrées par le conteur et avoir remarqué son accent, mais avoir surtout été impressionnée par sa vie et par sa façon de la raconter. C’est comme s’il était retourné en enfance un peu, comme s’il revivait ce qu’il avait vécu, a-t-elle perçu, affirmant du même coup que l’animation lui avait donné envie de lire les livres de l’auteur. En effet, les rencontres avec M. Pitre furent tellement appréciées que les élèves du groupe du matin ont décidé, de leur propre initiative, de fabriquer un livre à donner en cadeau à M. Pitre avant son départ, dans lequel chaque élève s’est transformé en auteur et a rédigé une page en souvenir de sa visite. Très touché, Louÿs Pitre s’est avoué inspiré par les jeunes rencontrés.
Au final, les deux auteurs ont réussi à divertir les élèves tout en ayant du contenu éducatif et pertinent avec lequel les enseignants pourront par la suite retravailler. Mais ce que Marie Cadieux souhaite qu’ils retiennent le plus, c’est le plaisir de lire, le plaisir d’écrire, d’apprendre. La vie est un grand livre dans lequel on peut découvrir plein de choses, a-t-elle lancé en entrevue avec Étienne Ferron-Forget et Caroline Boudreau de l’ACELF, en fin de journée. Celle pour qui c’était la toute première animation de classe au Québec a avoué que ça avait été un ravissement total, et qu’elle avait trouvé les élèves formidables, curieux et allumés.
Pas besoin de faire la leçon ni un cours sur le métier d’auteur, je pense que ça se gagne par osmose, a-t-elle conclu. Quand on aime ce qu’on fait, ça se transmet tout seul et les gens embarquent et ne peuvent qu’être intéressés. Après avoir assisté à une journée complète à l’École des Moissons en compagnie de ces deux généreux auteurs et avoir vu leur lien privilégié avec les jeunes, on ne peut que constater que Marie Cadieux et Louÿs Pitre auront effectivement eu un impact positif sur les élèves rencontrés. Ils sont captivants. C’est à refaire sans hésitation, a pour sa part lancé la directrice Colette Lauzon, en fin de journée, elle aussi ravie du succès de cette activité.
La tournée des auteurs acadiens Marie Cadieux et Louÿs Pitre dans des écoles primaires de la Commission scolaire des Seigneuries-des-Milles-Îles a été rendu possible grâce à l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF).
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