Le REFC présente : Sylvie Bérard, auteure et poète

11 septembre 2018
Entrevues portraits
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Sylvie Bérard est tombée dans la littérature dès son plus jeune âge, et c’est sans doute ce qui explique qu’encore aujourd’hui, elle l’enseigne, elle en écrit et elle en fait même des travaux de recherche. Elle a écrit plusieurs romans de science-fiction chez d’autres éditeurs, mais c’est aux Éditions Prise de Parole qu’elle a publié son premier recueil de poésie, Oubliez. Pour que nous apprenions à mieux la connaître, elle a accepté de se prêter au jeu et de répondre à notre questionnaire.

1. Quelles ont été des lectures marquantes de votre jeunesse?

Je lisais de tout dans ma jeunesse, et je relisais les livres, parce que mes parents ne fournissaient pas à m’acheter de nouveaux livres. J’ai lu tout ce que les filles peuvent lire, comme la Comtesse de Ségur, la collection de la Bibliothèque rose et tout ça. À l’adolescence, je lisais de la science-fiction, mais je lisais aussi les livres que ma mère avait, et ma mère lisait de tout : ça pouvait aller de Michel Tremblay à Guy des Cars, en passant par le dernier best-seller. Je dirais que le premier auteur que j’ai lu de manière frénétique, c’est Boris Vian. Ça, c’est un auteur qui m’a beaucoup marquée. Sinon, un de mes romans préférés à vie, c’est Cent ans de solitude, de Gabriel García Márquez, et je mentionnerais aussi Élisabeth Vonarburg, du côté de la science-fiction; ça aussi c’est une des auteurs que j’ai lue en entier, mais en ce moment, on dirait qu’elle écrit plus vite que je peux lire.

2. À quel moment avez-vous décidé de devenir auteure?

Le premier texte vraiment complet que je me souviens d’avoir écrit, j’avais douze ans. C’était pour un travail scolaire, mais le professeur avait eu une idée: il nous avait amenés dans le parc et nous avait dit de faire quelque chose de créatif avec ce qu’on voyait. La commande était très générale, et moi j’ai écrit une histoire d’amour entre une coccinelle et un brin d’herbe. Je me souviens que j’ai vraiment eu un plaisir d’écriture, et c’est drôle, parce que le professeur de sixième année m’avait dit « Je pense que je vais lire un de tes romans, un jour », et c’était comme prophétique! Je ne sais pas si c’est parce qu’il avait vu quelque chose ou si c’est lui qui m’a donné l’idée, finalement, mais en tout cas, très vite, j’ai eu envie d’écrire.

3. Quel est votre mot préféré de la langue française, et pourquoi?

Je me rends compte que dans chaque texte que j’écris, j’en ai un différent. Dans mon dernier roman, il y a le mot « nitescence », qui est un mot que même des personnes qui jouent au Scrabble m’ont dit qu’elles étaient allées chercher dans le dictionnaire! J’aime bien ce mot-là. À un moment donné j’aimais beaucoup le mot « saugrenu ». J’aime les mots rares, un peu. Je trouve que les mots rares ne sont pas assez utilisés, on ne va pas chercher assez loin, parfois.

4. Êtes-vous du genre à juger un livre par sa couverture ou par son titre?

Je ne vais pas acheter un livre juste parce qu’il est beau, mais je pense quand même que c’est important qu’un livre soit beau. Mais il ne faut pas que la couverture soit trompeuse! Je me souviens que quand j’étais enfant, je voyais des livres et je me racontais des histoires, juste en voyant les couvertures; j’avais déjà toute l’histoire en tête, et finalement j’étais très déçue de ne pas retrouver mon histoire en le lisant.

5. Quel serait pour vous un auteur incontournable de langue française?

Je ne sais pas si elle est incontournable, mais dans la dernière année, j’ai relu des textes de Colette, et je dirais que c’est une auteure incontournable méconnue, parce qu’on la classe parfois dans la littérature un peu légère, mais il y a une beauté dans ses phrases et il y a une sensibilité du début du siècle, aussi, qu’on n’a plus, avec ses longues phrases bien ciselées. Je pense qu’il faut avoir lu de ses textes. Elle, elle est vraiment dans le mot juste!

6. Est-ce qu’il y a un personnage fictif de la littérature que vous aimeriez rencontrer?

Quand j’étais jeune, je voulais rencontrer Fantômette, qui était mon héroïne; il n’y avait pas beaucoup d’héroïne pour petites filles, à l’époque, mais ça s’est amélioré maintenant. Fantômette, pour moi, elle incarnait l’impertinence; elle incarnait ce que Bugs Bunny était dans les dessins animés.

7. Y a-t-il une lecture que vous aimeriez rendre obligatoire dans les écoles francophones du Canada?

Je me plais, quand le cours le permet, à enseigner deux textes de Gabrielle Roy. Mes étudiants, parfois, se demandent pourquoi je leur fais lire ça, mais Bonheur d’occasion, pour moi, c’est un incontournable. C’est non seulement bien écrit, mais c’est aussi une analyse tellement fine. C’est un roman socialiste et féministe, mais en même temps, ce n’est pas à un roman à thèse; elle observe et elle juge un peu. Ces enfants de ma vie, aussi, de Gabrielle Roy, est un texte que je trouve important de leur faire lire.

Découvrez Oubliez, le recueil de poésie de Sylvie Bérard, publié aux Éditions Prise de parole.